PDV – Kendall. Funeste. Cette pièce était funeste. J'étais assise là, autour d'une table, avec mes amies. Elles parlaient de tout, mais surtout de rien. Madame Vancouver avait organisé l'un de ses célèbres dîners entre voisins. Et bien-sûr, tout le monde était là : ma fille, mon ex-mari contre qui j'étais toujours remontée, son amante, et d'autres personnes dont les visages m'étaient familier. « Je vais aller me servir au buffet. Vous voulez quelque chose ? » Je les regardais toutes en m'efforçant de leur sortir l'un de mes grands sourires, sourire qui voulait dire pour tout le monde « Je vais bien, ne vous inquiétez pas », alors que non, j'étais totalement détruite à l'intérieur de moi. Mais j'étais une femme forte, je savais qu'un jour ou l'autre, j'allais tourner la page. Je me levais de ma chaise, elles me répondirent qu'elles ne voulaient rien. Avançant d'un pas lent, je me dirigeai vers le buffet. C'était à ce moment-là que tu avais embellis ma vie. Du moins presque. Je te regardais prendre un plat de mes macaronis au fromage. C'était – je crois – le seul plat que je savais à peu près bien cuisiner. Et encore. Je lâchais un petit rire. « A votre place, je ne prendrai pas ce risque », oui parce que s'il y avait une chose qui me caractérisait parfaitement : j'étais une mauvaise cuisinière. J'étais en train de me servir un verre de vin, alors que toi, tu me regardais en fronçant tes sourcils. Tu devais me trouver bizarre, je crois. Je tournais alors mon regard vers le tien, pour te faire face. Et j'avais découvert un nouveau sentiment : le feeling. C'était comme une sorte d'électrocution qui se propageait partout dans mon corps, et surtout dans ma poitrine. Tu avais des yeux bleus qui pouvaient faire couper le souffle de n'importe qui – y compris moi. « Pourquoi ça ? », disais-tu, avec un sourire ravageur, et angélique en même temps. Je grimaçais. « Je sais de quoi je parles, c'est moi qui les aient fais. » Je secouais doucement la tête, en riant une nouvelle fois. Et toi, tel un gamin qui voulait montrer qui était le plus fort, tu avais pris ta fourchette, et tu avais plongé une bouchée de mon plat dans ta bouche. Au début, ça allait, mais deux secondes plus tard ça avait dérapé. Tu grimaçais, on aurait dit que tu allais vomir d'une minute à l'autre. Je pris alors une des serviettes posées sur la table, et l'approchais de ta bouche pour que tu puisse rejeter mon soi-disant repas. « Je vous avais prévenue », dis-je en jetant le tissu, et le plat de macaronis à la poubelle. « Je n'ai pas envie de commettre un autre crime », je haussais les épaules, tandis que toi, tu riais. « Ça avait un goût de cramé, et de caoutchouc en même temps. Argh... » « Charmant monsieur... ? » « Thomas Jefferson, je suis nouveau à Wisteria Lane, j'ai loué la maison de la famille Parker », il me tendit alors sa main. Je la pris et la pressais doucement. « Kendall Livingston, je suis la mauvaise cuisinière du quartier »

PDV – Thomas. Quelqu'un avait frappé à la porte, ça devait être encore des gamins qui avaient lancé leur ballon dans mon jardin. Je soupirais, c'était vraiment pas le moment-là. J'étais habillé, mais la plupart des boutons de ma chemise était déboutonnés. Je devais me rendre au bureau dans quelques minutes, et pour mon deuxième jour en tant que boss de l'entreprise de mon père, je ne m'en sortais pas du tout. Je soupirais en ouvrant la porte. BAM. J'étais sûrement en train de rêver, je crois. C'était pas possible... J'étais à moitié sur le cul, je m'attendais à tout sauf à ça. Kendall. C'était la fille que j'avais rencontré au dîner de madame Vancouver. Il fallait dire que cette femme m'avait quelque peu marquée, tant son charme, que son plat de macaronis. Je n'avais cessé de penser à elle depuis ces temps-là. Et voilà qu'elle était devant moi, rayonnante, mais avec un air innocent et perdu. « Thomas ? », ses yeux dérapèrent sur mon torse, elle était gênée, ce que je pouvais tout à fait comprendre. Et je comptais bien jouer de la situation. « En chair et en os », répliquai-je avec un sourire en coin. « Je... On... Euh... Ces garnements ont fait tombés leur ballon dans votre jardin, je peux aller le récupérer ? » Je haussais les sourcils. Je pensais qu'elle était venu spécialement pour moi, mais je m'étais trompé, apparemment. « Oui, allez-y, je vous en prie » Elle grimpa alors la palissade qui menait à mon jardin. Culotté, dis-donc. J'adorais ce genre de femme. Elle lança le ballon aux enfants Aberapple, et ils reprirent leur jeu. Elle allait quitter mon bout de territoire quelques minutes après avoir fini de décortiquer le ballon, quand je l'interrompus dans sa marche. « Vous ne voulez pas plutôt boire un café, deux minutes ? » Kendall fronça les sourcils, et entra chez moi. J'étais vraiment à la bourre. Mais tant pis, je manquerai aujourd'hui. Bref, ce fut autour d'un café dans ma cuisine que nous bavardâmes, et en appris un peu plus l'un sur l'autre. J'avais d'ailleurs retenu que Kendall avait une fille qui répondait au doux nom de Victoire, et que celle-ci avait dix ans. J'avais aussi retenu que la jeune femme était en plein divorce. J'avais donc le champ libre, enfin à moitié. Après une heure passé chez moi, elle m'annonça qu'elle devait partir, et bien-sûr, je l'avais accompagné au hall d'entrée, mais non pas pour lui ouvrir la porte en bon gentleman, mais plutôt pour la plaquer contre un mur et lui dire à quel point j'avais eu envie de l'embrasser. Et non, n'allez pas croire que c'était moi qui avait fait encore un pas vers elle. Ce fut elle qui s'empressa sur mes lèvres pour m'embrasser fougueusement. Et ça c'était déroulé comme ça c'était déroulé, mais je peux vous dire en sortir qu'un seul mot : WAOUH. On avait continuer à se voir en cachette, notre relation avait évolué dans de bonnes circonstances, nous nous étions même données les doubles de nos clés. Mais voilà, Kendall voulait que notre relation reste secrète, le temps que le divorce passe. Je ne comprends pas. J'avais beau lui en parler, mais ça finissait toujours en dispute. Mais, ces temps-ci j'ai envie d'aller plus loin avec elle, et de franchir le cap. J'ai envie de la demander en mariage.